Pourmenadenn e Ruiz

Suscinio XIIIe

Extérieur sudUne des résidences principales des Ducs de Bretagne, attirés par les giboyeuses forêts qui l'entouraient et dont il ne reste rien d'autre que le souvenir, comme au Tour du Parc qui devrait son nom au mur qui entourait le parc de Suscinio ?. Le château fort commencé vers 1230, avec deux logis se faisant face, est bâti à l'emplacement d'un autre édifice ("vaste enceinte quadrangulaire avec des tours fortement saillantes"). Rempart Nord

Pris par les Anglais en 1373, il redevint français (enfin Breton) quelques années plus tard grâce à Du Guesclin, Breton de la région de Dinan, avait pris parti pour Charles de Blois contre Jean de Monfort pendant la guerre de succession et avait déjà conquis Suscinio quelques années plus tôt (joli retournement de situation, non ?).

Finalement, Suscinio entre dans les propriétés du roi de France en 1520, sous François 1er, dans la dot de sa femme, Claude, dernière duchesse de Bretagne, mariée de force, après avoir été confisqué quelques années avant (sic!). Il paraît même qu'il le donna un temps à une des ses maîtresses (re-sic!) Quelques années plus tard, leurs fils, ducs de Bretagne devenus rois de France (et réciproquement) annexeront à leur tour la Bretagne, définitivement.

Suscinio est vendu avec les biens nationaux à la Révolution et envahi par les Chouans en 1795, ce qui n'empêche pas qu'on s'en serve comme carrière de pierres comme de nombreux monuments, églises ou châteaux pendant ces temps troublés. Le château-fort est classé par Mérimée et un temps sauvé de la ruine totale par la famille Francheville. Les gravures d'époques montrent un fantôme de château.

intérieur ouest avant travaux Resté trop longtemps en ruine, la restauration à été entreprise depuis le début des années 1970, s'accélérant après 1995 pour redonner déjà un toit aux logis (le principal en premier) : Intérieur ouest avant travaux il était temps, les toits avaient été détruits lors de la Révolution en représailles pour son envahissement par les Chouans ! Ceci permet d'abriter un musée : il contient entre autres de magnifiques sols médiévaux (datés de 1350 environs : 30 000 pavés, rien de moins), auparavant dans la chapelle, extérieure aux murs comme cela se voit en plusieurs endroits de Bretagne. Celle-ci ayant été incendiée au XIVe, ces pavés ont dormi sous terre jusqu'en 1975 (!) année où ils ont été mis à jour lors de fouilles. La richesse de la famille ducale se voit à travers cet ensemble unique de pavement puisque ceux-ci couvrent 300m² ! On peut avancer que c'est suite à cet incendie qu'une autre chapelle a été créée dans le château même. Mes premières photos datent d'avant ce coup d'accélérateur.

Il faut dire aussi qu'il est propriété du département depuis 1965 et est (comme à Blandy-les-Tours pour la Seine-et-Marne) utilisé pour la communication du Conseil Général... Cela explique donc les travaux (mais quand donc un Conseil Général ou Régional prendra les travaux de la collégiale de Champeaux à son compte !)

Intérieur Est Extérieur Ouest Intérieur Ouest

Un son et lumière y est joué tôt en saison, depuis 1995, racontant chaque année un épisode différent de l'histoire de Bretagne, ce qui oblige à revenir voir le spectacle tous les ans pour ne rien manquer. Futé le Breton ?

Les photos suivantes ont été prises lors du spectacle de 2002, le "Cygne Blanc" ("Entre Lys et Léopards" sur le site du spectacle), présentant le retour d'exil de Jean IV - qui entreprit ensuite des travaux importants sur le château, lui donnant son aspect de forteresse, signe de la puissance retrouvée de la famille - de la cour d'Angleterre pendant la guerre de succession, histoire dont est tirée la chanson traditionnelle "le Cygne", "An Alach" dans la version des Tri Yann.
Le thème de 2005 était autour d'Arthur (pas celui de la table ronde, le petit fils d'Aliénor d'Aquitaine, celui qui aurait dû reformer un seul ensemble de la Bretagne et de la Grande Bretagne, lâchement assassiné par Jean Sans Terre, son oncle, le vilain despote de Robin des Bois).
L'année 2006 étant consacrée à l'enlèvement du Duc de Bretagne...
Pour 2009, retour au passé plus lointain avec "Erispoë et Salomon".

image du spectacle image du spectacle image du spectacle image du spectacle image du spectacle image du spectacle image du spectacle image du spectacle image du spectacle image du spectacle

Lors de notre dernière visite au chateau en 2019, le spectacle était un peu différent. D'abord, on visite librement, le château (ouverture 19h, compter plus d'une heure de visite au moins) puis on va manger un bout (restauraton rapide dans le jardin hors des murs) et enfin on assite à une projection sur les murs avec pyrotechnie mais plus d'acteurs ou de figurants, dès la tombée de la nuit.

Il y a également une grande fête médiévale, avec tournoi de chevalerie entre les chevaliers de France et de Bretagne dans la plaine, village médiéval (avec un spectacle de fauconnerie - Belge - quand j'y suis allé) et repas médiéval autour des douves, ainsi qu'un jugement de dieu à pied et des expositions historiques (généalogie ducale, histoire de la Bretagne) à l'intérieur des remparts.

Chevaliers Jugement de Dieu combat du jugement de Dieu
Joute Joute Joute

Dans un style différent (disons moins historique), on donne aussi fin août des pièces musicales, les "Créneaux de Suscinio" : Faust en 2005 ou Mozart "naturellement" en 2006 par exemple.

Le château reste aujourd'hui un souvenir du faste de la cour ducale, dressé fièrement entre mer et marais, veillant sur la dune et le marais de Suscinio.