Belle Ile en Mer
Anciennement Vindilis en gaulois, Gerveur en breton (Enez ar Gerveur, l'île de la Citadelle. Un des bateaux qui faisait la traversée depuis Quiberon s'appelait le Gerveur. J'ai pris ce bateau lors d'une de mes visites sur l'île, l'autre étant le hors bord de mon oncle - ce qui explique le manque de photos anciennes, j'avais bien moins de 10 ans la dernière fois).
On trouve comme partout dans la région des vestiges mégalithiques (dolmens, menhirs) mais moins à Belle-Ile : il faut dire qu'elle s'était séparé du continent bien plus tôt que ses voisines, ce qui à l'époque n'a pas dû faciliter la navigation. Certains avancent également une moindre qualité de la pierre. Deux d'entre eux ont une histoire un peu particulière méritant d'être conté. Ces deux menhirs s'appelle Jean et Jeanne et sont tout proche l'un de l'autre, penché l'un vers l'autre. C'était deux jeunes amants (dans le sens premier, qui s'aiment), mais Jean était barde (conteur et musicien celte, important dans un village) et Jeanne était une fille pauvre, les druides s'opposèrent à cette union : il devait mieux chanter qu'Assurancetourix ! En punition, ils ordonnèrent aux sorcières de les changer en rocher. Heureusement, l'amour est plus fort que tous les maléfices et par nuit de pleine lune, les deux roches se rejoignent. La légende ajoute que "quiconque assistera à cette rencontre sera écrasé sous leur masse".
Mais l'île est surtout réputée pour ses paysages : aiguilles de Port Conton, Goulphar où la vue du haut du phare se mérite (il y a même des fous pour en faire une compétition), côte sauvage... Un véritable résumé de la Bretagne. Au moins en revenant de là, on sait qu'elle n'a pas usurpé son nom, qu'elle est belle !
L'île est tombé sous la domination romaine suite à la défaite des Vénètes, avant comme Houat de subir invasions et pillages. En 900 les vikings la saccage, comme toute la région. Le duc de Bretagne Geoffroy 1er en fit donation en 1006 à l'abbaye de Redon, décidément bien pourvue dans la région. Ensuite, pendant des soucis de successions, aux moines de Quimperlé. Il faudra qu'un pape décide, après plusieurs dizaines d'années de procédures, à qui doit revenir l'île.
En 1549, le roi de France Henri II y construit un fort, son fils Charles IX la retire aux moines qui n'ont pas pu la protéger contre les Anglais en 1572 et la donne au Duc de Retz avec ordre de la fortifier (une constante dans son histoire à partir de ce moment pendant plusieurs siècles).
Nicolas Foucquet, surintendant des Finances (qui va chuter trois ans plus tard après la fameuse soirée du 16 août à Vaux-le-Vicomte (encore un rapport avec chez moi vu que j'y ai fait les photos de mon mariage), entre autres sous la suspicion - calomnieuse - de fortifier Belle-Ile afin de s'y prémunir contre la colère du Roi Louis XIV) en devient propriétaire. Sa famille conservera l'île après sa chute. Louis XIV, après une attaque hollandaise charge Vauban d'y apporter sa touche de 1682 à 1690 (on lui doit la citadelle du Palais, Gros Rocher, Ramonette...). Malgré tout ce qu'on lui doit sur l'île, il n'y serait venu qu'à deux reprises. Bien en prends au roi vu que de 1696 à 1704, elle est attaquée et victime d'un blocus par les Anglais et les Hollandais (qui occupent Houat et Hoëdic pendant un moment).
Louis XV reprend l'île (qu'il intègre au territoire de la couronne) qui devient partie intégrante de la Compagnie des Indes (basée à Lorient, ville créée pour la Compagnie et protégée par Port-Louis et Port-Bloqué au plus près, Belle-Ile devenant un poste avancé sur la route des navires de commerce) avant d'être cédée (moyennant finances) aux Fermiers Généraux. Elle ne revient qu'en 1576 dans le giron du royaume.
En 1765, les Acadiens (aujourd'hui toujours en relation avec leurs cousins du Nouveau Monde) débarquent sur l'île, échangée contre Minorque après avoir été conquise par les Anglais malgré une lutte héroïque.
Pour faciliter la navigation dans ces eaux dangereuses, on construit en 1835 le Grand-Phare, d'une portée de 30 milles nautiques (54 km). La visite est réservé au sportifs ou au courageux mais au bout de 256 marches - je ne me souviens pas si je les ai comptées quand j'étais jeune - on arrive à la récompense, une magnifique vue sur l'île et la mer, depuis la nacelle suspendue à 90m au dessus du vide.
Sarah Bernhardt y achète un ancien fort et le transforme en maison de campagne où elle recevra "sa famille des arts", au moins jusqu'à la guerre 14.
Malheureusement, son importance stratégique lui vaudra encore d'être envahie par les Nazis et elle aura le triste privilège d'être un des derniers points libérés en Mai 1945, son sort ayant de nouveau été associé à celui de Lorient (sans toutefois en subir les destructions).
La citadelle est désormais un lieu privé, tourné vers l'hôtellerie. Ces modifications modernes font d'ailleurs qu'elle n'a pas été retenue comme 12 autres citadelles de Vauban de part le monde (sur les 14 proposée par le gouvernement) par l'Unesco pour les classer au patrimoine mondial de l'humanité en Juillet 2008, à l'occasion du tricentenaire de la mort du grand militaire (ses contemporains disaient "ville fortifiée par Vauban, ville sauve, ville assiégé par Vauban, ville prise"). On peut toutefois y entrer, car il contient un superbe musée (sur la fortification mais aussi art et traditions populaires). Et en dehors de la partie hôtellerie, toutes les fortifications sont accessibles, surtout celle qui surplombe le port et la ville.
En descendant du bateau, vous pourrez choisir d'être transporté en bus ou de louer un véhicule : vélo, vélo à assisance électrique (vu les côtes sur l'île, à moins d'être pratiquant assidu, il est hautement préférable de prendre un vélo à assistance, croyez en mon expérience), scooter, moto ou voiture particulière (petite berline ou genre méhari ou même véhicule électrique de loisir)