Le Golfe du Morbihan
Lieu de vacances, lieu de vie, le Golfe du Morbihan est de plus en plus la destination des estivants et des retraités, lassés par le monde sur la Côte d'Azur et attiré par un paysage -encore- naturel et un climat somme toute agréable pour la Bretagne - c'est de l'humour, pas taper ;o). Bon, l'hiver, c'est d'un calme frolant le mortel, mais les Korrigans peuvent alors s'en donner à cœur joie, en toute tranquillité, et se promener sur la lande... Sauf bien sûr du côté du Port du Crouesty qui semble concentrer toute l'activité visible. Et les rares magasins et restaurants ouverts aux touristes. N'empêche qu'en 2010, le golfe n'a pas été épargné par la neige. Ce qui a du isoler encore plus les habitants que d'habitude... Hélas absent, et la famille n'a pas pensé à prendre des photos en venant, qui auraient été bien cocaces, puisque très rares... Si quelqu'un veut m'en passer...
A l'été 2000, avec le néfaste naufrage de l'Erika, finalement de peu d'influence ici contrairement au sud de la Vilaine, nous a permis de ne pas avoir été trop embêtés, pas mal de monde ayant décidé d'aller ailleurs... C'est dommage pour eux, les fruits de mer étaient délicieux (enfin, moi je dis ça, je ne dis rien, je ne peux pas trop en manger, allergie, tout ça ;o) ) et la mer pas trop froide... On a pu profiter de la plage ou de l'arrière pays sans se marcher les uns sur les autres... De nouveau avec les tempêtes de l'hiver 2013-2014 des pollueurs ont profité des spasmes de la nature pour souiller la côte, forçant la municipalité à interdire l'accès aux plages (le fait de trouver nombre d'oiseaux morts augmentant par ailleurs les risques sanitaires).
En Breton Mor Bihan signifie "Petite Mer", en opposition à Mor Braz, la "Grande Mer", l'Océan - avec une majuscule, si, si... Il faut dire aussi qu'avec seulement 20 km de large pour une quinzaine de profondeur de Port Navalo à Vannes capitale du département, il a du mal à tenir la comparaison. Il est fermé par la presqu'île de Rhuys au sud et celle de Locmariaquer au nord.
Le Golfe serait né de l'effondrement de la région, permettant à la mer de remonter les cours d'eau, comme la Rivière d'Auray et de changer en îles les collines qu'elle n'a pas submergées... Cet effondrement serait postérieur à la conquête romaine... Mais aucun texte ne semble en parler, à part des légendes comme celle de la ville d'Ys peut-être... Il faut dire aussi qu'après la conquête et avant l'arrivée de St Gildas, la région n'était plus trop peuplée et très sauvage... L'activité sismique engendrerait toujours un enfoncement du golfe. Le dernier tremblement de terre remarquable (et remarqué) date de 2002 !)
La légende y place jusqu'à 365 îles, une par jour. La réalité est plus économe vu qu'elle n'en compte qu'une grosse cinquantaine.
Parmi celles ci, certaines ne sont que des cailloux arides (et ne sont que rarement comptées comme celles qui n'apparaissent qu'à marée basse), d'autres portent des dizaines d'habitations, d'autres encore permettent à leurs propriétaires de se croire les maîtres du monde, d'un monde... Ils sont seuls sur leur île.
Malheureusement pour certains, heureusement pour la nature, la loi sur la protection du littoral a mis fin à l'espoir d'y passer la fin de leur jours : Comment faire construire une maison neuve à moins de 250m du bord de l'eau sur une île qui n'en mesure que quelques dizaines, de mètres... Enfin, cette loi n'a pas empêché le port Crouesty...
Les plus importantes parmi les îles habitées sont l'île aux Moines et l'île d'Arz, les seules qui supportent une commune mais on connait aussi l'île de Conleau à Vannes qui est maintenant reliée au continent et l'île Tascon à St Armel qui a pour caractéristique principale d'être accessible par une chaussée "à pieds secs" à marée basse.
Elles ont été habitées dès la préhistoire quand elles faisaient encore partie du continent, les sites mégalithiques de Gavrinis et de Er-Lannic étant les plus connus. En allant à la pointe de la Palisse, balade agréable au départ de Kerners, on a une vue sur ces îles (et les autres du bas du Golfe : île Longue, île de la Jument...).
Naviguer dans le Golfe n'est pas à la portée du premier marin d'eau douce venu...
Les courants changeant selon la marée - et le moment de la marée !- les rochers et les bancs de sable, les vents font que la navigation y est dangereuse parfois, éprouvante souvent, unique tout le temps.
J'ai déjà vu des voiliers mettre des dizaines de minutes en tirant des bords pour parcourir une centaine de mètres et à l'entrée du goulet, quand il se vide, il n'est pas rare de voir des navires à moteur lutter difficilement contre le courant pour entrer... Le débit est tellement important - le second en Europe, excusez du peu - et la vitesse de l'eau allant jusqu'à près de dix nœuds (plus de 4m/s, entre 14 et 15 km/h), il faut de la réserve "sous le pied" pour passer. En général, le fond du Golfe est assez proche avec les risques d'échouages que cela représente, il dépasse toutefois les trente mètres vers l'entrée, vu les courants qui l'ont forgée.
Cette puissance permet quand même au Golfe de ne pas s'envaser avec les alluvions des fleuves du sud, surtout la Loire, le barrage d'Arzal bloquant désormais pas mal ceux de la Vilaine, que les courants côtiers font remonter jusque devant l'entrée. Il suffit de regarder le côté qui n'est pas exposé à la mer, à Penvins ou à la Trinité pour comprendre ce que l'on risquerait...
Naviguer dans le Golfe, donc, se mérite, mais quand on en a les clés, le spectacle vaut l'effort...